LE MILLESIME 2019
Bonjour,
Quel doux plaisir de vous retrouver. Tout semble aller si vite !
Nous vivons dans un monde en perpétuel mouvement, ou l’indispensable n’est qu’éphémère et la rationalité …subjective !
Un an déjà !
A l’époque, les feuilles lâchaient prise et les parfums de saison fleuraient bon. Perpétuel et magnifique renouveau de la vie, qui, étonnamment commence à l’automne de celle-ci !
Après avoir laissé mon esprit vagabonder…
Aujourd’hui, je profite d’une très douce et ensoleillée journée de la fin octobre pour vous conter l’histoire de son altesse sérénissime
« Millésime 2019 »
Météo
Novembre et décembre 2018, furent moyennement pluvieux, l’hiver fut quant à lui assez sec. Avril plutôt humide, mai sec et juin pluvieux. L’été fut caractérisé par une très faible pluviométrie. Quelques pluies à partir de la mi-septembre, ont lavé les raisins et favorisé les maturités phénoliques.
En ce qui concerne les températures : on remarque que l’hiver a été très doux, le printemps plutôt frais et l’été particulièrement chaud ; Le début de l’automne a été caractérisé par des variables notables d’un jour à l’autre accélérant d’autant plus la maturité de nos raisins.
Donc, d’après les relevés des années comprises entre 1981 et 2010 ; nous constatons pour 2019, une moyenne des températures supérieure de 1,5°C et une pluviométrie de moins 21% par rapport à la moyenne trentenaire !!
Au cours de cette année, nous avons été confrontés à une météo qui ne nous a pas réellement épargnés.
- Entre le gel (13/04 et 5 et 6/05) et la grêle (19/06 et 6/07) sur certaines zones.
- Quelques précipitations sur la floraison des parcelles les moins précoces, ont entrainé des cas de coulures et de millerandages, parfois très significatives dans certaines de nos parcelles.
- Plusieurs épisodes caniculaires, notamment avec un pic lors de la journée du 23 juillet où 41,2°C ont été enregistrés à Mérignac. Cela a pu provoquer quelques rares blocages.
Quelques mots aussi sur les risques très importants de contamination de mildiou, de black-rot et d’oïdium auxquels nous avons été confrontés. Fort heureusement, les très faibles pluies, nous ont évité de souffrir de la pression cryptogamique et notamment bien moins qu’en 2018. Par contre ces années sèches et caniculaires favorisent le développement de l’Esca ce qui se caractérise en aout par un dessèchement de certains pieds.
Fort heureusement, nos vignes ont somme toute bien résisté aux caractéristiques climatiques du millésime. La mise en place d’une stratégie agronomique depuis plusieurs années sur l’ensemble de nos vignobles, commence à produire ses effets.
Abordons maintenant plus particulièrement les stades phénologiques.
La floraison de la plupart des merlots s’est déroulée sur nos 6 propriétés fin mai, début juin. Les deux tiers de la floraison ont profité d’un très beau temps. Par contre les zones plus tardives ont comme vu plus haut été perturbées par un épisode pluvieux ayant eu des conséquences sur les rendements futurs.
La véraison a été aidée par la pluie du 25 juillet et elle s’est opérée vers le 6 aout pour les merlots. La véraison a été assez lente et étalée du fait d’une période chaude et sèche. On remarque à ce stade, une semaine de retard vis à vis de 2018 et de l’ordre de 3 jours sur la moyenne des trente dernières années.
En septembre, à mesure où les feuilles du calendrier s’étiolent, nos passages dans les vignes se répètent et nos dégustations des baies s’accélèrent. Les choses se précisent. Les goûts de fruits rouges et noirs apparaissent, Dans un premier temps, les tanins durs et verts, se transforment peu à peu en des goûts de fruits à coques secs. Le goût de noisette étant à mon sens, la saveur idéale le jour où celui-ci se révèle aux pépins.
Grâce aux dynamiques et rigoureuses équipes du Médoc, de Saint Emilion et de Flaujagues ; nous avons amené aux chais des vendanges de très grande qualité. Gorgées de soleil, les baies s’étaient enrichies en anthocyanes et les tanins avaient avantageusement profité de l’humidité de fin septembre et début octobre pour arrondir leurs angles les plus aigus.
De mon point de vue, 2019 est une année aussi de vigneron. Des années comme j’aime, où rien n’est écrit et tout se réinvente. Où, à chaque instant du cycle végétatif, nous devons adapter nos interventions et nos travaux en fonction des situations. J’adore !!! Des années, où grâce à la nature et aux conditions climatiques, nos décisions impactent et influencent plus que significativement le résultat final.
A la différence des années précédentes, il est à noter que nous avons débuté nos récoltes le 15 septembre.
Particulièrement tôt n’est-ce pas ? En fait ce fut le moment idéal pour cueillir nos merlots afin de les presser et obtenir d’excellents jus, propices à l’élaboration de rosé, plein de fruits rouges avec des notes d’agrumes ! 1 semaine plus tard, les cabernets sauvignon étaient idéalement mûrs pour amener la nervosité néanmoins nécessaire à notre rosé. Un pressurage directe avec nos presses pneumatiques, nous permettent d’obtenir des jus clairs, faiblement colorés respectant parfaitement les caractéristiques des cépages. Les fermentations à relatives basses températures nous assurent que le fruit sera préservé. A l’issue des fermentations alcooliques, nous procédons à un soutirage et nous préparons les vins à la filtration, en prenant toutes les précautions nécessaires afin de protéger les vins de toutes formes d’oxydations.
En ce qui concerne nos raisins destinés à l’élaboration de nos grands vins rouges, il a fallu attendre quelques jours supplémentaires avant d’attaquer les festivités !
Comme imaginé en juin, les derniers jours de septembre furent le moment choisi afin de récolter nos merlots à Margaux. Quelques jours plus tard, ceux des Château Tayet et de Lacombe Cadiot remplissaient nos cuves avec satisfaction à Ludon-Médoc. Les petits verdots n’ont pas tardé à les y rejoindre. Alors qu’octobre est déjà commencé, nous entamons les vendanges à Flaujagues.
Saint-Emilion s’impatiente aussi un peu, nous ne tardons pas à lui donner satisfaction. Les jours se succèdent et nous ne baissons pas la garde. Notre concentration est à son plus haut niveau quand nous décidons de récolter les cabernets francs et les cabernets sauvignon. De mémoire, il ne me semble pas avoir récolté en aussi peu de temps. Les éléments climatiques ont réellement favorisé cette maturité phénolique ; il était tout à fait inutile d’attendre plus longtemps. Bref, notre bonheur est grand et total lorsque finalement les derniers coups de sécateurs sont donnés à Saint-Emilion.
Même si les récoltes auraient pu être supérieures en quantité ; la qualité des premiers jus me donne grande satisfaction.
La libération des couleurs est rapide, les fermentations alcooliques se déroulent à de relatives faibles températures. Afin de préserver au mieux le fruit nous n’excédons pas les 25-26°C.
Les arrosages des marcs sont effectués à la carte en fonction des caractéristiques organoleptiques de chacune des cuves. Les macérations se déroulent entre 2 et 4 semaines suivant les cas.
Fin octobre, il ne reste sur marc qu’une cuve à écouler. Il s’agit de notre vin Kacher à Saint-Emilion. Celle de Margaux a été quant à elle écoulée le 29 octobre.
Alors que certaines cuves ont débuté leur fermentation malo-lactique, d’autres tardent un peu. Nous avons reçu nos premières barriques. Celles-ci sont mises en place et ne vont pas tarder à être remplies par nos derniers élixirs ! Débarrassés des lies les plus encombrantes, les vins encore tièdes vont encore profiter de la douceur automnale afin de combiner leurs arômes à ceux des futs de chênes neufs. La mico-oxygénation provoquée à travers les douelles, améliorera encore un peu plus la qualité de nos vins. Cette savante alchimie contribue avantageusement à la complexité de nos Margaux, Saint Emilion et Bordeaux supérieur.
Je suis très satisfait du très haut niveau qualitatif atteint cette année. Le travail mené dans un premier temps à la vigne a été parfaitement achevé par toutes nos équipes aux chais. Du grand ART ! Probablement l’un de nos plus beaux chefs-d’œuvre.
Bravo et merci à tous les membres de nos équipes techniques en y associant bien évidemment les personnes moins exposées de notre groupe, mes collègues en charge de l’administratif, du commerce et de l’œnotourisme. Merci bien évidement, à toute la famille De Schepper pour la confiance qu’elle nous témoigne.
Tous et chacun, vous êtes indissociables et prépondérants à notre réussite collective.
Jean Michel GARCION